Une entreprise française peut être taxée deux fois sur le même revenu, d’abord en France puis dans un autre pays. Pourtant, certaines juridictions prévoient des mécanismes inattendus pour échapper à ce piège fiscal, voire l’annulent complètement selon la situation du contribuable.
Des conventions bilatérales parfois anciennes continuent d’avantager des groupes internationaux, alors que des particuliers ignorent souvent qu’ils pourraient bénéficier d’exonérations ou de crédits d’impôt grâce à des règles spécifiques. Les différences de traitement entre résidents et non-résidents compliquent encore la compréhension de ce système mouvant.
Double imposition : comprendre les enjeux pour les particuliers et les entreprises
La double imposition frappe lorsqu’un même revenu se retrouve taxé dans deux États distincts. Personne n’est épargné, qu’il s’agisse d’un particulier ou d’une grande entreprise. Prenons un cas concret : un résident fiscal français touche des dividendes d’une société étrangère. Résultat : l’impôt tombe deux fois, une première fois dans le pays d’origine, une seconde fois en France. Les conséquences s’accumulent : la note fiscale grimpe, les démarches administratives s’alourdissent, et l’incertitude règne sur la validité de tel ou tel montage d’optimisation.
Tout se joue dans la coordination, ou l’absence de coordination, entre l’État de résidence (celui du bénéficiaire) et l’État de source (celui où le revenu est généré). Chacun veut sa part : le premier taxe ce que vous touchez partout dans le monde, le second prélève sur ce qui est produit localement. Pour les entreprises, la question de l’établissement stable s’avère décisive. Une société est imposée à la fois dans le pays où elle est implantée, et dans celui où elle exerce une activité régulière. Les obligations fiscales s’additionnent, parfois au point de se contredire.
Pour donner une idée des situations rencontrées :
- Un particulier peut voir ses impôts sur le revenu et sur la fortune prélevés dans plusieurs pays à la fois.
- Une entreprise multinationale doit composer avec l’impôt sur les sociétés dans chaque État où elle engrange des profits.
Faute d’accords, chaque administration prélève sa part sans ménagement. La France a signé plus de 120 conventions fiscales pour tempérer ce phénomène. Ces accords prévoient des dispositifs d’exonération ou de crédit d’impôt qui allègent la facture. Mais la réalité ne se résume pas à une simple mécanique : certains revenus, notamment ceux tirés de l’immobilier ou des activités artistiques, restent soumis à des régimes à part. La notion de résidence fiscale ajoute encore à la complexité : entre domicile, centre des intérêts vitaux, nationalité, chaque critère change la donne et détermine le pays qui aura le dernier mot sur l’imposition de chaque type de revenu.
Pourquoi la fiscalité internationale peut-elle devenir un casse-tête ?
L’administration fiscale ne se limite plus à traquer l’évasion à l’intérieur de ses frontières. La circulation des données se généralise : échanges automatiques d’informations, lutte renforcée contre la fraude et l’optimisation fiscale. La France ajuste chaque année ses outils, soutenue par des accords fiscaux avec l’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg, les États-Unis, l’Autriche. Plus de 120 conventions tissent une toile serrée, qui rend l’échappatoire risquée, mais aussi la lecture des règles plus ardue. Difficile de s’y retrouver, même pour les plus avertis.
Se repérer dans la fiscalité internationale suppose d’identifier sans erreur l’État de résidence et l’État de source. L’un impose l’ensemble de vos revenus, l’autre ne regarde que ce qui provient de chez lui. Un résident fiscal en France percevant des dividendes d’une société américaine doit composer avec deux administrations qui ne partagent pas toujours la même logique. Les conventions signées tentent d’éliminer la double imposition, mais la diversité des textes, la succession d’avenants, l’interprétation mouvante des notions comme résidence ou “bénéficiaire effectif” brouillent les repères.
Les règles évoluent vite, portées par les standards OCDE : une loi modifiée à Berlin, une interprétation revue à Berne, un avenant signé à Washington, et c’est tout le schéma fiscal qui se réinvente. Un oubli, une mauvaise analyse, et la sanction tombe : rappel d’impôt, voire amende pour non-conformité.
Voici quelques réalités à garder à l’esprit face à ce maquis réglementaire :
- Une convention fiscale ne garantit pas systématiquement l’absence de double imposition sur tous les types de revenus.
- L’administration fiscale peut réclamer des justificatifs sur plusieurs années, sans s’aligner forcément avec ses homologues étrangers.
Le droit fiscal international impose ainsi une vigilance de tous les instants : un mot, une clause, une date d’entrée en vigueur peuvent tout changer.
Les conventions fiscales : comment fonctionnent-elles pour éviter la double imposition ?
Les conventions fiscales internationales forment la colonne vertébrale de la lutte contre la double imposition, souci récurrent des contribuables mobiles, entreprises transnationales et investisseurs. Leur objectif : éviter qu’un même revenu, ou une même fortune, ne soit taxé deux fois de suite. La France s’appuie sur plus de 120 conventions, la plupart inspirées du modèle OCDE. Ce texte, non contraignant en soi, sert de base à la majorité des traités bilatéraux.
Deux méthodes reviennent pour supprimer la double imposition : l’exonération et l’imputation. L’exonération sort purement et simplement du champ d’imposition français un revenu déjà taxé à l’étranger. L’imputation, plus fréquente, permet de déduire de l’impôt français un crédit d’impôt d’un montant équivalent à celui payé à l’étranger. Chaque convention précise la méthode applicable selon le type de revenu : dividendes, intérêts, redevances, salaires, revenus immobiliers.
Un principe méconnu s’invite aussi dans les textes : la non-discrimination fiscale. Impossible pour un État signataire de traiter moins favorablement un ressortissant étranger qu’un national sur le plan fiscal. Cette clause évite les mesures arbitraires et protège les contribuables contre les mauvaises surprises.
Pour synthétiser les points clés des conventions fiscales :
- Les conventions internationales sont conçues pour éviter les doubles prélèvements et limiter la fraude.
- Le modèle OCDE influence la majorité des conventions françaises.
- La clause de non-discrimination garantit une égalité de traitement pour les contribuables étrangers.
Résidents, non-résidents : quelles différences face à la fiscalité des pays concernés ?
La résidence fiscale façonne l’étendue des obligations envers le fisc, ainsi que le lieu où déclarer ses revenus. Un résident fiscal français, par exemple, doit déclarer l’intégralité de ses revenus mondiaux : salaires, revenus du capital, biens immobiliers, même ceux situés à l’étranger. À l’inverse, un non-résident ne déclare que ses revenus de source française et échappe à la plupart des autres impositions.
Le critère ne se limite pas à la durée de séjour. Entrent aussi en jeu le centre des intérêts vitaux, le foyer d’habitation principal, parfois la nationalité. Les conventions fiscales prévoient une hiérarchie : d’abord le foyer, ensuite les intérêts économiques et familiaux.
Les situations mixtes se multiplient. Le travailleur frontalier partage son temps entre deux pays, le salarié détaché travaille temporairement à l’étranger, l’artiste ou le sportif professionnel perçoit des revenus imposés là où il se produit. Un fonctionnaire est taxé dans le pays qui l’emploie, sauf exception. Quant aux retraités, tout dépend de l’origine de leur pension : publique ou privée, chaque cas a sa règle.
Pour clarifier ces différences :
- En cas de double résidence présumée, la convention bilatérale tranche le conflit.
- Des règles particulières s’appliquent selon la profession et la nature des revenus.
Ce paysage complexe de critères, de statuts et de traitements façonne la fiscalité internationale de chaque contribuable. Qu’il soit résident ou non, chacun doit composer avec des lignes mouvantes, et parfois franchir des frontières fiscales qui ne sont tracées nulle part sur les cartes, mais qui décident de tout.